Déchets par-ci par-là, misère aigüe et désespoir, appelez-vous cela « NOËL » ? – AZ-INFOS

Le peuple haitien connaît sans doute l’un des pires moments de son existence. Outre la cherté de la vie à une hauteur vertigineuse, il y a aussi le côté paix et sécurité qui semble ne va cesser de nous fuir. Il n’est un secret pour quiconque aucune condition n’est réunie pour festoyer. Alors qu’on est pleine période des fêtes de fin d’année, notamment la Noël. Une fête toujours célébrée en grande pompe à travers le monde, et aussi en Haïti.
Cette année, 2021, le constat est plus qu’alarmant. Les grands magasins, entreprises ou autres ont perdu le goût des décorations à l’extravagance. Le désir de nettoyage jadis remarqué dans certains quartiers pour recevoir et célébrer la Noël a considérablement perdu pied. La ville est sous les fesses face aux aléas de la vie.
Des piles d’immondices continuent à poser d’innombrables questions à nos sens que sont la vue et l’odorat. Des images d’une répugnance à nulle autre semblable, et une puanteur qui traverse les âges. La fête perd ses repères. Néanmoins, même quand il marche, faut-il bien que l’oiseau nous montre ses belles ailes.
Alertée sur la question, une marchande du marché public « La Coupe » de Pétion-Ville, a répondu avec amertume : »Fatra, grangou, lavi chè, nou rele sa NWÈL? ». Des déclarations corroborées par ses voisines de vente qui n’ont pas hésité à questionner l’existence de l’État.
À bien analyser la position de ces grandes dames de combat, mais maltraitées par l’existence, et surtout l’insouciance des autorités étatiques, peut-on effectivement parler de NOËL dans un pays où tout se tourne à la violence, à la peur et au désespoir ? Qu’en est-il de de ce sentiment de bien-être, de partage et de sérénité autrefois dégagé à travers ces fêtes de fin d’année ? Tout s’écroule autour de nous, on s’adapte et on s’en va…le comble.
S’il n’y a pas de Noël pour la masse, pour ces marchandes dévouées à faire face à la vie, mais pour les politiciens corrompus, mesquins et sans vergogne, il y en a bien. À la vue de tous, ils pillent, ils célèbrent et ils s’affichent. Que chacun donc s’éprouve soi-même, nous dirait l’autre. Bref !
« Fatra, lavi chè, lamizè ak dezespwa nan yon peyi » c’est réellement ce qu’on appelle NOËL ? Des cris perçants qui devraient interpeller la conscience de chaque citoyen pour bâtir définitivement l’autre Haïti dont nous rêvons tant.
Mes civilités !
Chrismann Jean-Jacques TOUSSAINT