Haïti – Droit des femmes : Comment combattre efficacement la violence faite aux femmes et aux filles dans le pays ? – AZ-INFOS

Ce mardi 8 mars amène une nouvelle journée internationale de lutte pour le respect des droits de la femme. La violence basée sur le genre est souvent revenue sur la table. Particulièrement, violence au dépend du sexe féminin. Où jusqu’à présent les États n’arrivent pas à éradiquer cette pratique malsaine. Ce qui est bien évidemment le cas pour Haïti. Des hommes usent de leur autorité pour commettre leur forfait à l’endroit des femmes.
Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), la violence à l’égard des femmes c’est : « Tout acte de violence dirigé contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques. Y compris la menace, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».
Lesquels actes qui ont à chaque fois des conséquences néfastes sur la vie des victimes. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la violence sexuelle peut avoir des effets comme la dépression, des traumatismes graves, surtout des maladies ou infections sexuellement transmissibles. Elles peuvent encore provoquer l’isolement et même le suicide.
Dans le cas d’Haïti, un pays où l’impunité règne, comment combattre efficacement la violence à l’égard des femmes et des filles ? Ou encore comment l’éradiquer ?
A) Le renforcement du système judiciaire
Ce système est décrié depuis des années. L’accès à la justice est vraiment compliqué. Pour prévenir toute forme de violence contre le genre féminin, il faut rendre la justice accessible aux femmes; il faut élaborer des lois et ratifier des traités internationaux condamnant les bourreaux. Non à l’impunité. Les oreilles de la justice doivent être attentives aux cris des femmes qui subissent les assauts d’agresseurs plus forts qu’elles. D’où l’importance d’une justice acquise à la cause.
En Haïti, on a développé une culture de la violence basée sur le genre. Lorsqu’une femme est maltraitée par des hommes de son environnement immédiat, mari ou patron, elle est portée à cacher ses déboires juste en pensant que la justice ne va pas s’intéresser à son cas. Ces femmes sont fort souvent de petites bourses, elles se disent d’entrée : »La justice, c’est de l’argent, il n’y a pas de justice pour les gens comme moi ». Elles préfèrent de se taire, elles souffrent en silence et sont même parfois portées au suicide. Le renforcement de la justice est donc une condition sine qua non pour combattre efficacement les violences faites aux femmes.
B) L’éducation des deux sexes
L’éducation, selon Nelson Mandela, c’est l’arme la plus puissante pour changer le monde. Cette éducation est celle qui permet à chacun de revendiquer ses droits dans la limite du respect de ceux d’autrui. Cela dit, aussi bien que nous avons des droits, nous avons aussi des devoirs, autrement dit des obligations.
Éduquer les deux sexes revient à dire aux femmes qu’elles ont des droits. Cela leur permettra d’identifier les formes de violence auxquelles elles sont confrontées et de savoir quelle procédure à suivre pour les dénoncer. Généralement, les victimes se taisent juste parce qu’elles ne sont pas bien informées des voies à emprunter.
L’éducation permettra également l’autonomisation des femmes. .Elles doivent se sentir capables d’accomplir de grandes choses, de disposer d’elles-mêmes. L’éducation les aidera à ne pas rester sous la domination prédatrice du genre masculin.
Du côté des hommes, l’éducation est fondamentale dans le sens où elle leur permettra de voir la femme comme un être à part entière, une collaboratrice et non un objet duquel ils peuvent disposer comme bon leur semble. Comment un homme éduqué peut-il se permettre librement le luxe de violer les droits d’une femme ? Le fait d’être éduqué renvoie au respect scrupuleux des droits d’autrui.
Ça doit commencer à la famille et à l’école. Le petit garçon doit, dès son jeune âge, savoir qu’il est odieux de maltraiter une fille. Les notions d’égalité entre fille et garçon doivent être inculquées aux enfants. La petite fille doit pouvoir résister et dénoncer les violences qu’elle subit; le petit garçon doit se comporter en défenseur des droits de la femme, non comme bourreau. De toute part, on doit se mobiliser; prêcher la solidarité en matière de genre. Il ne doit prôner aucun esprit de rivalité entre les deux sexes. On est des collaborateurs, appelés à se considérer, s’aimer et se RESPECTER. « Nous devons donc éduquer nos garçons pour protéger nos filles et éduquer nos hommes pour protéger nos femmes », pour paraphraser la petite Naïca Joseph.
Somme toute, la violence est une pratique abjecte qui prend forme de différentes façons. Menaces, coups, privations, paroles dévalorisantes et autres. Cette pratique n’a jamais rien apporté au monde en matière de lutte pour les droits fondamentaux de la personne humaine. Elle est odieuse en ce sens qu’elle sombre le genre féminin dans le doute, la dépression et crée des traumatismes graves.
C’est une pratique qui doit être combattue à la dernière rigueur. Pour l’arrêter, comme on l’a susmentionné, le renforcement de la justice et de l’éducation sont les deux piliers fondamentaux. La justice doit être sur ses gardes pour punir et éviter la prolifération des violences faites aux femmes. Et l’éducation doit préparer l’esprit des deux sexes dès la petite enfance sur la répugnance de la violence. Ensemble, nous pouvons nous lever pour lutter contre toute forme de violence exercée à l’égard des femmes et des filles dans la société haïtienne. Les récompenses doivent être essentiellement basées sur la méritocratie.
Que le 08 mars ne soit une journée de fades chansons; de morceaux frappés d’obsolescence, mais que des mesures drastiques soient prises pour garantir réellement les droits des femmes et des filles au sein de toutes les couches sociales. Et ceci sans distinction aucune.
Ainsi, ne serait-ce pas la voie vers une société épanouie et porteuse d’espoir ?
Chrismann Jean-Jacques TOUSSAINT