Les rumeurs et la désinformation, deux entraves à la lutte contre le choléra en Haïti, d’après une étude réalisée par Panos Caraïbes et Internews – AZ-INFOS

Dans la période allant d’octobre à novembre 2022, Panos Caraïbes, en collaboration avec Internews, a réalisé une étude autour du choléra en Haïti. Cette étude a révélé que les rumeurs et la désinformation sont deux facteurs majeurs qui entravent la lutte contre la résurgence du Choléra en Haïti. L’enquête intitulée : « Évaluation de l’écosystème d’information (IEA)-Haiti » a été réalisée dans quatre départements du pays, citons : l’Ouest, le Nord, le Sud et les Nippes. Cette étude entre dans le cadre du projet Rooted in Trust (RiT).

Depuis le retour du Choléra en Haïti, soit le 2 octobre 2022, le projet Rit Haïti s’est accentué sur la façon dont certaines catégories de la population accèdent et partagent les informations relatives à ladite épidémie. En effet, selon les résultats de l’étude, les rumeurs représentent un atout majeur dans la question de la désinformation. Une approche analytique qui a permis de mieux saisir la réalité dans l’écosystème de l’information.

D’abord, il a été question pour Panos Caraïbes et lnternews de voir comment la population haïtienne, notamment les femmes et les jeunes ont accès aux informations. Ensuite, les données ont permis de voir le niveau de confiance des gens en ce qui a trait aux informations concernant la santé publique, surtout le choléra.

Au fait, plusieurs personnes issues des quatre départements précédemment cités ont répondu aux questions des enquêteurs. Ces discussions étaient tournées essentiellement autour de questions liées à la consommation d’informations sur le choléra et la covid-19, les obstacles rencontrés dans la quête d’accès à l’information, les rumeurs perçues et les besoins liés à l’information. Des échanges qui ont eu lieu dans la langue maternelle, à savoir le Créole, pour faciliter la compréhension et la participation des ménages.

Prenant toutes les dispositions pour protéger la confidentialité des conversations, Internews et Panos Caraïbes ont pu avoir un échantillon respectant les critères démographiques de 70% de femmes et 30% d’hommes avec un fort pourcentage de jeunes.

En outre, 36,8% des personnes interrogées vivent dans le département de l’Ouest, 30, 4% dans le Nord, 18, 1% dans les Nippes et 14,6 % dans le département du Sud. Selon l’étude, environ la moitié des gens interrogés avaient entre 18 et 25 ans et 5 personnes âgées de plus de 60 ans.

« La majorité des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête quantitative indique préférer recevoir les informations écrites et orales en Créole », peut-on relever à travers le document de l’étude. Ce qui permet de comprendre et d’analyser le niveau de compréhension des ménages en ce qui concernant les informations reçues.

L’enquête a révélé que 98, 2% des personnes interrogées ont assuré avoir déjà entendu parler du Choléra. « Et 94, 2% étaient capables de mentionner deux choses qu’ils ont apprises sur la maladie », lit-on dans le rapport d’enquête.

Cependant, les rumeurs et les mésinformations se révèlent être deux obstacles majeurs de l’écosystème pour la santé publique. « Les rumeurs peuvent être le point de départ de la mésinformation à l’échelle d’un
écosystème quand elles se propagent vite dans ses différents canaux. Ce que nous considérons comme rumeur peut être vrai ou faux car c’est une nouvelle dont la vérité n’est pas établie. Son
caractère douteux fait qu’on doit s’abstenir de la diffuser car son impact peut être très néfaste pour les individus et le corps social », a-t-on avancé dans l’étude.

Puis, on a continué pour voir en quoi est-ce que les rumeurs peuvent rendre les gens méfiants en ce qui a trait à l’information. « Plus il y a de rumeurs, plus le niveau de confiance peut baisser entre les consommateurs et les producteurs d’information. Par exemple, une rumeur sur une maladie peut entraîner des pratiques néfastes pour la santé ou même aggraver une épidémie, devenant ainsi un gros problème de santé publique. Dans l’écosystème d’information haïtien, les rumeurs existent et elles inquiètent », a-t-on mentionné dans cette étude réalisée conjointement par Internews et Panos Caraïbes sur le danger que représentent les rumeurs et la désinformation pour la lutte contre le Choléra en Haïti.

En ce qui aux conséquences des rumeurs, 48 % des répondants ont avoué avoir relevé des rumeurs et s’en inquiètent. A l’inverse, 37,4 % avouent ne pas s’en soucier vraiment ou très peu. Parmi les répondants, 12,9 % ont encore continué à s’inquiéter face à la multiplication des rumeurs dans leur département ».

Conséquemment, « une forte présence de rumeurs peut porter atteinte à l’écosystème d’information et un manque d’appréciation de la propagation des rumeurs peut également l’affecter », peut-on lire dans le rapport.

Parmi les rumeurs les plus pertinentes sur le Choléra, citons : « Le choléra est une maladie mystique »; « Le Choléra ne tue pas »; « Le Choléra est de la politique ».

Pour rappel, depuis son apparition en Haïti en octobre 2010, l’épidémie de Choléra a fait plus de 820 300 cas de contamination jusqu’en 2019, avec à peu près 10 000 morts. D’où la mise sur pieds de diverses actions, sur le plan national et international pour combattre l’épidémie. Tout cela pour dire que le Choléra est bien réel et continue à causer des morts dans le pays. Cependant, les rumeurs ferment les yeux de la population sur des informations pertinentes dans les luttes contre ladite épidémie. Un véritable danger !

Chrismann Jean-Jacques TOUSSAINT

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s