Article littéraire, Le 06/05/023,  21h : 56 mn

LITTÉRATURE : OH que c’est beau d’être fils de singes  !

La littérature haïtienne est cette petite fleur d’orange qui luit la rose d’aube à la tombée des nuits sous l’épée de l’aurore, et se met à grandir en marge des vestiges ténébreux tri-séculaire de la colonisation. Un système inhumain fondé sur le racisme qui lui-même trouve ses souches dans la variance des teints épidermiques. Oh que c’est bête que Dieu met une âme dans un corps noir  ! S’il n’a pas d’âme c’est qu’il n’a pas une âme à sauver non plus, mais pourquoi le convertir au christianisme, Monsieur le colon ? 

Les noirs sont laids, seule la queue qui leur manque pour qu’ils soient singes. C’est une foule de bêtes de somme que la rigueur seule peut dompter. Oh que c’est bizarre que des singes cassent leurs chaînes au nom de la liberté, un beau jour du premier janvier 1804. ‘est ridicule que des singes s’évertuent en civilisateurs pour dicter des leçons philanthropiques aux hommes civilisés qui n’étaient pas humanisés.

L’Europe, les cahiers vides malgré les efforts des Lumières, devait prendre sa plume pour noter ce soufflet qui lui tournoie la tête. À l’école de la liberté dont l’Europe est élève, elle apprend à traiter le monde avec humanité. Qui étaient les professeurs  ?  Les marrons sans souliers en majeur partie. Qui était le Directeur  ?  Un certain Dessalines, esclave devenu empereur, libérateur et philanthrope. Et Toussaint Louverture  ?  Son âme dansait de joie dans la gloire de son si grand rêve civilisateur au tombeau de la terre.

Que s’est-il passé  ?  Ces bêtes ne sont pas si bêtes comme on le pense ? Ces impudents qui plantent les racines de la première république noire sur le sang de leurs bourreaux dont les cendres servent d’engrais, ne sont-ils pas trop arrogants  ?  Ne faut il pas les faire payer le prix  ?  1825, n’est qu’un pansement sur le cancer que souffre l’Europe. Il faut les diviser, les faire s’entretuer et que jamais les singes des autres forêts craindront de suivre leur trace.

Quelle blague qu’un ivrogne, n’ayant jamais oublié sa bouteille de clairin ose déclarer dans une vieille paperasse l’indépendance des Nègres au coins occidental de Quisqueya. Puis, ses lèvres poussent des boutades enracinées dans la psychose des singes arrogants en disant  :  » pour écrire l’acte de notre indépendance, il faut la peau d’un blanc pour servir parchemin, son crâne pour écritoire, son sang pour encre et une baïonnette pour plume « . Ah bon !

Les blancs, auteurs des grandes civilisations, élus et enfants de Dieu, obligent de faire la génuflexion sous la puissance dès barbares et des enfants du diable venus d’Afrique qui s’érigent en flambeau pour luminer le monde. Quelle connerie que le diable chasse DIEU du ciel pour y faire un paradis ! Il chasse DIEU parce qu’il a un enfer à épargner qu’est l’esclavage et un paradis à gagner qu’est la liberté. Les petits fils du diable plus diables que leurs descendants, se font hommes de lettre au nom de la défense de la patrie et du patriotisme. Ainsi naquit une littérature des singes civilisateurs et modèles des hommes civilisés non humanisés. Une remière fois peut-être qu’une société s’organise aussi bien dans le règne animal jusqu’à construire son art et sa littérature loués même par les civilisateurs ratés.

Fils de singes, comment tiennent ils la plume à la main pour écrire de si beaux vers comme  :  « hymne à la liberté » qui chante la gloire de la patrie et la haine de l’oppression tout en gardant la population en alerte contre un éventuel retour du mal de l’humanité  :

Soleil, Dieu de nos ancêtres
Ô toi de qui la chaleur
fait exister les êtres.
Ouvrage du créateur,
Près de finir ma carrière
Que ton auguste clarté
Éclaire encore ma paupière
Pour chanter la liberté.

Liberté, vierge chérie  !
Quand mon œil s’ouvrit au jour
Pour t’aimer, j’aimai la vie
Et toi seule eus mon amour,
Le tombeau détruit la flamme,
Le sentiment, le désir,
Ah  ! brûle encore mon âme
Après mon dernier soupir.

Par les lois de la nature
Tout naît, tout vit, tout péri ;
Le palmier perd sa verdure,
Le citronnier perd son fruit,
L’homme naît pour cesser d’être.
Mais dans la postérité
Ne devrait il pas renaître,
S’il aimait la liberté  ?

Haïti, mère chérie
Reçois mes derniers adieux
Que l’amour de la patrie
Enflamme tous nos neveux
Si quelques jours sur les rives
Reparaissent nos tyrans
Que leurs hordes fugitives
Servent d’engrais à nos champs.

N’ayant pas seulement Dupré pour chanter la gloire du pays dans « l’hymne à la liberté », Juste Chanlate chante l’ardeur combative des pères de la patrie dans la bataille de l’indépendance :

Oui, sur la trace de vos pas
Contre une horde meurtrière, nous produirons dans les combats
Vos coups, votre valeur guerrière.
Plus jaloux d’égaler vos bras
Ou épris d’une longue carrière,
Trouvons du héros le trépas
Ou les honneurs de la lumière.

Dans quelques morceaux de vers il enseigne le besoin de mourir pour la patrie, le devoir pour les jeunes générations futurs de cultiver des vertus guerrières :

Nous montrerons à nos neveux
Les nobles sentiers de la gloire
Ils vont apprendre sous nos yeux
Comment on fixe la victoire.

Ces singes ne sont pas si bêtes puisqu’ils ont leur religion, leur art et leur littérature dont nous ne citons que deux poètes, ce qui ne manquait pas dès le début de la littérature haïtienne. Une littérature où l’âme humaine chante la liberté et la gloire des pères de la patrie. Une littérature insoumise, dès son début, au diktat de la bête humaine.


Dakovens PAULIN dit Thomas Délorme X

Un commentaire

  • Thomas Simone Olympes

    Vous m’avez fait revivre l’histoire de mon pays à travers des tournures d’ironie. Vous mettez en question la bible qui prétend que les noirs faisant partie de la seconde race et descendant Caïen qui est un malfaiteur,considéré comme fils du diable pour avoir commis un crime fratricide. Vous démontrez quel mariage qui existe entre littérature haïtienne,l’art haïtien et l’histoire haïtienne.

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