SANTÉ : Le choléra, une épidémie mortelle réelle en Haïti, selon le pharmacien, Kendley Maximin – AZ-INFOS

« L’épidémie du Choléra est bien une réalité en Haïti. Les rumeurs faisant croire le contraire doivent être combattues. C’est une forme de désinformation qui met davantage en péril la santé de la population haïtienne avec un système de santé déjà défaillant », a déclaré le pharmacien Kendley Maximin lors d’une entrevue accordée au journal AZ-INFOS TGV, le dimanche 14 mai 2023, sur la présence du choléra en Haïti.

Alors que certaines personnes veulent ignorer l’existence du Choléra sur le sol haïtien, M. Maximin a tenu à les appeler à la prudence. De quoi renforcer l’étude réalisée par Panos Caraïbes et Internews sur le choléra en Haïti. Une étude selon laquelle les rumeurs et la désinformation se présentent comme deux obstacles majeurs à la lutte contre ladite épidémie.

En effet, le choléra a été découvert pour la première fois en Haïti en octobre 2010. Après des années de lutte, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait déclaré en février 2022 que l’épidémie a été vaincue en Haïti. Mais, quelques mois plus tard, soit en octobre 2022, la maladie va faire sa réapparition dans le pays. Des centaines de personnes ont été hospitalisées et d’autres malheureusement décédées. Le choléra est présent jusqu’à date en Haïti.

Cependant, malgré les multiples dégâts causés par la maladie dans le pays, certains citoyens continuent à nier ses effets mortels et même son existence. Des comportements jugés irresponsables qu’ils transmettent malheureusement à d’autres citoyens, de quoi renforcer les capacités de propagation meurtrières du Choléra sur toute l’étendue du territoire national.

« Les haïtiens ont tendance à lier la maladie au fétichisme. J’ai travaillé dans le milieu rural, ce sont des comportements auxquels je sais faire face. Mais, lorsqu’on va étudier ces cas dans des laboratoires on va remarquer qu’il s’agissait normalement des cas de choléra. Donc, cela constitue des désinformations qu’il faut combattre », a fait savoir M. Maximin.

Acteur dans le milieu médical haïtien, pharmacien Kendley Maximin a fait savoir que parce que les conditions hygiéniques ne sont pas réunies, cela fait d’Haïti un terrain propice pour la propagation de la maladie. Mis à cela, le mauvais traitement infligé à l’environnement et le très peu d’accès à l’eau potable rendent la population encore plus vulnérable.

À ce sujet, les campagnes de sensibilisation se révèlent nécessaires pour informer les gens, notamment ceux des milieux ruraux sur le danger que représente le Choléra. « Le choléra existe scientifiquement. Les rumeurs qui font croire que la maladie n’existe pas en Haïti sont archi fausses. C’est une désinformation qui tend à induire la population en erreur », a fermement lancé le personnel de la santé.

En ce qui a trait à ceux qui pratiquent l’automédication, le pharmacien a fait savoir que c’est une pratique dangereuse pour ceux qui s’y adonnent. En ce sens, il conseille les citoyens à aller voir le Centre de Santé le plus proche en vue de se faire consulter et administrer les médicaments que nécessitent leurs cas. « Les médicaments doivent être minutieusement utilisés pour ne aggraver la situation des malades. Ce sont des substances dangereuses à traiter avec la plus grande précaution », a-t-il complété.

Pour combattre l’épidémie, à côté des campagnes au niveau des milieux ruraux et urbains, le pharmacien croit qu’il est aussi nécessaire que l’État joue sa partition à fond. « Accès à l’eau potable, éducation sanitaire de manière permanente et l’application des mesures de santé strictes sont des moyens efficaces pour éradiquer le Choléra sur le territoire national », a assuré M. Maximin.

En outre, le spécialiste n’a pas manqué de souligner l’urgence de bien traiter les rivières. À cet effet, il a rappelé que le Choléra est arrivé en Haïti à travers des rivières qui ont été polluées par des militaires népalais au niveau département du Centre. Se déversant dans le fleuve de l’Artibonite, ces rivières ont sali le fleuve. C’est pourquoi l’épidémie a été découverte pour la première fois dans le pays au niveau du développement de l’Artibonite. « Autant les rivières ou l’eau que nous utilisons est sale, autant la possibilité de voir l’épidémie s’étendre dans le pays s’agrandit », a-t-il ajouté.

Pharmacien responsable à l’hôpital Bishop Joseph Sullivan du côté de Côte-de-Fer et PDG de Santé-Succès, Kendley Maximin a appelé la population haïtienne à la prudence pour ne pas tomber sous l’assaut de ladite épidémie. « Le Choléra n’est pas une fatalité, ni quelque de fétiche », a-t-il conclu.

Pour rappel, dans une étude réalisée en Haïti entre octobre et novembre 2022 sur l’épidémie Choléra, Panos Caraïbes et Internews avaient attiré l’attention de la population sur les rumeurs et les désinformations. En effet, ces deux éléments sont constatés comme des entraves à la lutte contre le Choléra dans le pays. Ce qui a amené des haïtiens vivant sur la terre haïtienne à déclarer ouvertement que l’épidémie n’est pas présente sur le territoire national. Ils n’ont pas hésité à la lier à des questions politiques ou encore surnaturelles.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de 2010 à 2016, l’épidémie avait occasionné plus de 10 000 décès en Haïti. Des chiffres qui ont accusé des ajouts considérables jusqu’en 2019, et même en 2023 après la réapparition de l’épidémie dans pays.

Chrismann Jean-Jacques TOUSSAINT

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